Adoption : La quête de Delphine

Inédits
Delphine a découvert qu'elle avait une soeur qui vivait en Pologne. Elle l'a rencontrée en novembre 2019/DR

Imaginez que votre existence est basée sur un mensonge. Imaginez apprendre un jour que vos parents, ceux qui vous ont élevé, ne sont pas vos parents biologiques. C’est ce qui est arrivé à Delphine l’année de ses 19 ans. La jeune femme avait toujours su que quelque chose clochait. « Enfant, j’avais écrit dans mon carnet intime que je pensais avoir été adoptée. Ma mère ne pouvait pas être ma mère, nous étions trop différentes. »

Un dossier récupéré auprès de l’Aide sociale à l’enfance confirme ses doutes. « J’ai découvert que j’avais été adoptée à l’age de 1 ou 2 ans à Białystok, en Pologne. J’étais soulagée d’apprendre que ma mère n’était pas ma mère », raconte Delphine, aujourd’hui âgée de 35 ans. Il faut dire que la jeune fille ne grandit pas dans un environnement très épanouissant. Bien sûr, il y a ce père, qu’elle admire et qui fait preuve d’affection à son égard, mais il ne parvient pas à la protéger de cette mère tyrannique et nuisible qui ne cesse de la rejeter.

Cette relation toxique, Delphine y mettra fin en quittant le foyer familial et en s’exilant. Alors que jusqu’à présent son passé et ses origines l’avaient peu préoccupée, elle ressent le besoin d’en savoir plus durant l’été 2019. « Je ne sais pas pourquoi j’ai voulu en savoir plus. Peut-être est-ce lié au fait que je travaille avec des enfants.» Elle ne tardera pas à avoir des informations.

Retrouvailles polonaises 34 ans plus tard

Après avoir envoyé un email à la mairie de son lieu de naissance en Pologne, elle reçoit les noms et dates de naissance de ses parents biologiques. Sa mère apprend-elle, est décédée en 1995 à l’âge de 33 ans. Une seconde lettre la met en joie : elle a une sœur de trois ans de plus qu’elle qui vit en Pologne. Après plusieurs échanges de messages sur Facebook, une rencontre est organisée en novembre dernier. 34 ans après, Delphine retourne sur sa terre natale. Les retrouvailles avec Aneta, sa sœur polonaise, sont chaleureuses et pleines d’émotion.

« La vérité finit toujours pas se savoir »

« Elle ne cessait de tout comparer, on a découvert qu’on avait plein de points communs, on travaille avec des enfants et a toutes les deux de l’asthme et mal au dos par exemple. Je suis heureuse d’avoir quelqu’un qui fait partie de ma famille. » Au fil des échanges, Delphine découvre que leur mère était alcoolique et qu’elle ne pouvait pas s’occuper de ses filles, mais de nombreuses interrogations restent sans réponse. Sa sœur lui affirme qu’elles n’ont pas le même père et sait peu de choses sur ses propres parents. Contrairement à Delphine, ce sont ses grands-parents maternels qui l’ont élevée. Pourquoi l’une des fillettes a-t-elle été adoptée par un couple de Français et dans quelles conditions, Delphine l’ignore. Elle espère en savoir plus lors d’un prochain séjour au cours duquel elle rencontrera son oncle et ses grands-parents maternels.

Elle a accepté de raconter son histoire dans un seul but : que les parents qui adoptent un enfant ne cachent pas la vérité. « La vérité finit toujours par se savoir, affirme la jeune femme. C’est important de savoir d’où l’on vient pour la construction de son identité et de son psychisme. Je me suis toujours demandée qui j’étais. Ce qui me peine le plus, c’est d’avoir été rejetée par ma mère adoptive alors que j’avais surtout besoin de soutien.»